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Tuesday, July 28, 2020

Pourquoi le prix des fruits et légumes flambe - Le Parisien

buahasema.blogspot.com

Ce n'est pas la première fois qu'une association de défense des consommateurs s'indigne. En avril déjà, en plein confinement, l'UFC-Que choisir avait tonné. Cette fois, c'est Familles rurales qui tire la sonnette d'alarme, dans son dernier Observatoire sur le prix des fruits et des légumes. Et quelle alerte : alors que le pouvoir d'achat est une préoccupation majeure des foyers français, en juin, selon des relevés de prix effectués par des « veilleurs » dans 26 départements, le prix d'un panier de 8 fruits conventionnels a bondi de 17 % par rapport à juin 2020 (+ 6 % en bio). Côté légumes, la hausse est moindre mais quand même notable : + 4 % en conventionnel (et + 1 % en bio).

Dans sa dernière étude de juin sur les prix à la consommation, l'Insee confirme une envolée de 14,2 % sur un an pour les fruits frais et de 15,9 % pour les légumes frais. « Une hausse pareille, c'est du jamais-vu », souligne Dominique Marmier, le président de Familles rurales depuis 2014. « Et encore, ces hausses, très importantes pour les consommateurs, ne garantissent pas pour autant une meilleure rémunération des producteurs », tacle également l'association.

La main-d'œuvre étrangère n'est pas venue à cause du Covid-19

Plusieurs facteurs expliquent cette inflation. Le premier concerne tous les fruits et légumes cueillis à la main (aubergines, poivrons, tomates, fraises, pêches…) : la crise liée au coronavirus a obligé les producteurs à redoubler de précaution, lors des récoltes, en maintenant une distance d'un mètre entre les cueilleurs lors de la cueillette notamment. « Le port du masque, l'achat des équipements de protection, le fait de ne mettre qu'un salarié sur deux sur les postes de calibrage où l'on contrôle la production… Tout cela a ralenti le temps de récolte et de conditionnement, renchérissant nos coûts de production d'au moins 10 à 15 % », témoigne Christophe Moynier, producteur de fraises dans l'Hérault.

Et puis, Covid oblige, une partie de la main-d'œuvre étrangère qui se charge d'ordinaire des récoltes a dû être remplacée par une main-d'œuvre française bien plus chère. Voilà qui peut expliquer la flambée sur les aubergines (+ 16 % en un an), les poivrons (+ 9 %) et même le fruit le plus consommé, les tomates (+ 12 %).

A cette explication globale s'en ajoutent d'autres, plus ponctuelles. L'une d'elles, imparable, revient sur un « basique » : la loi de l'offre et de la demande. « La production de cette année a été déficitaire (NDLR : par rapport à la demande des consommateurs) pour la plupart des fruits à noyau, comme les pêches, les nectarines, les abricots », décrypte Laurent Grandin, le président de l'organisation interprofessionnelle Interfel, qui rappelle que « du fait de fortes gelées au cours du printemps, 40 % de la production d'abricots par exemple est venue à manquer ». Côté cerises (+ 20 % en un an), l'offre a été très faible du fait de l'existence d'un ver parasite qui a obligé à trier chaque fruit, mais aussi du fait d'intempéries les quinze premiers jours de juin.

Globalement, conclut Laurent Grandin, « 2020 a été une année très particulière du fait de la pandémie, mais dès juillet, nous avons retrouvé des niveaux plus normaux, et même pour certains produits des prix moins élevés qu'en 2019 ». En juillet, le phénomène d'autoconsommation notamment bat son plein, faisant baisser les tarifs, toujours du fait de l'offre et de la demande : pour les seules tomates, 400 000 tonnes sortent ainsi des potagers familiaux, contre 800 000 tonnes - soit juste deux fois plus - par les producteurs professionnels.

Dans son étude, Familles rurales pointe en tout cas une bonne nouvelle : alors que les consommateurs sont de plus en plus désireux de privilégier le Made in France, les produits français ne sont pas hors de prix : « Consommer français, c'est choisir la disponibilité et la saisonnalité sans forcément payer plus cher », estime l'association. Pendant le confinement, pour inciter les Français à privilégier les producteurs hexagonaux, la grande distribution avait dû multiplier les opérations à prix coûtant.

Privilégier les circuits courts

Question : comment faire en sorte que toutes les familles, et pas seulement les plus privilégiées, puissent s'offrir les 5 fruits et légumes bons pour notre santé ? « Aujourd'hui, il y a une France à trois vitesses : ceux qui peuvent se permettre de ne consommer que du bio ; ceux qui achètent des fruits et de légumes, conventionnels notamment ; et enfin ceux qui ne peuvent pas s'offrir les 5 fruits et légumes recommandés par jour », résume Laurent Grandin.

Une première astuce consiste bien évidemment à consommer malin, en privilégiant les circuits courts, mais aussi les réseaux de distribution les moins chers (ou en allant au marché juste avant la fermeture). Surtout, choisissez des fruits et légumes de saison. Chaque semaine sur les réseaux sociaux, Interfel prodigue ses conseils de recettes à base de produits de saison (en ce moment melons, courgettes…) « en nous basant sur une sorte de panier de produits idéal ».

« Nous militons surtout pour que le gouvernement octroie un chèque, réservé aux familles modestes (sur la base du quotient familial), qui serait dédié à l'achat de fruits et légumes frais, poursuit Laurent Grandin, comme cela s'est fait dans les années 2000. » Si, à Familles Rurales, on ne fait pas de politique, on ne ferme pas pour autant la porte à cette idée. « Notre fédération ne s'est jamais prononcée là-dessus. Mais cela fait partie des discussions que nous avons au Conseil économique, social et environnemental (CESE), abonde Dominique Marmier. De la même façon que les APL (NDLR : aides au logement) aident à bien se loger en France, une réflexion existe sur une allocation qui permettrait de s'alimenter de façon saine, avec des fruits et légumes. »




July 29, 2020 at 12:01AM
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